Qu’en est-il de la prise en charge ambulatoires des remplacements prothétiques des articulations de hanche et de genou ?
Les suites de la chirurgie prothétique des grosses articulations s’est considérablement raccourcie avec la maitrise des phénomènes douloureux et la rééducation fonctionnelle précoce, à la condition d’une bonne préparation et information préalable. Le maintien en milieu hospitalier ou en clinique n’est pas forcement gage de sécurité ou d’une meilleure surveillance. Le départ précoce et l’accueil dans des centres de convalescence, voire le retour à domicile, n’augmentent pas les risques de complications et, si celles-ci se produisent, ne préjugent pas de la qualité de leur prise en charge.
Cette nouvelle philosophie des suites opératoires n’est pas née de considérations purement économiques, mais il faut reconnaître que ces dernières ont pour une fois influencé la prise en charge des patients dans le bon sens. Elle consiste à initier les patients à trouver en eux-mêmes l’énergie de leur récupération à condition de les guider et de les accompagner grâce aux moyens modernes de communication. Elle permet de les soustraire à la flore microbienne parfois sélectionnée des établissements de soins et leur permet une réinsertion sociale et professionnelle plus rapide.
L’aboutissement en est la chirurgie ambulatoire qui est possible dans certains cas mais qui n’est pas la panacée universelle que promettent nos tutelles qui rêvent de vider les hôpitaux de leurs patients. La réalité est plus pragmatique et, lorsqu’on parle d’interventions dites majeures comme les remplacements prothétiques de hanche et de genou, l’ambulatoire (avec retour à domicile) ne peut concerner qu’un nombre limité de patients, vivant dans des conditions d’accès (ascenseur) et d’accompagnement (présence d’un conjoint) satisfaisantes. Par ailleurs la pratique de la chirurgie ambulatoire dans les inventions orthopédiques majeures n’est possible que si l’unité de chirurgie ambulatoire est adossée à un service de chirurgie conventionnelle ouvert en permanence, car les unités d’ambulatoire ne fonctionnent pas en dehors des heures ouvrables et pendant les jours fériés.
En pratique, la durée d’hospitalisation suivant une prothèse de hanche ou de genou, et éventuellement même certaines interventions de changement de ces prothèses (révision prothétique), s’est considérablement raccourcie et peut être limitée dans la plupart des cas à 2 jours voire à une journée chez les patients plus jeunes, suivie d’un retour à domicile ou d’un transfert dans un établissement de soins de suite.
Cette simplification des soins survenue dans les dix dernières années n’est possible qu’en anticipant les complications possibles avant l’opération : éradication des foyers infectieux dentaires et urinaires, réduction d’un excès pondéral, correction d’une anémie, équilibration d’un diabète, amélioration de l’ergonomie des appartements, réservation des soins kinésithérapiques à l’avance. On retrouve ici une confirmation du vieux dicton selon lequel, anticiper, prévoir et préparer, c’est déjà un peu guérir ou en tout cas guérir plus vite.